Le Président de notre syndicat livre son analyse de la situation sociale dans une période agitée, notamment en raison du rejet, par la majorité des Français, du projet de réforme des retraites.
Quel est votre état d’esprit après l’adoption de la loi de réforme des retraites ?
Gérard Duez : Que dire de plus ? Nous sommes contre cette réforme, nous l’avons exprimé haut et fort, nous en avons dénoncé le contenu et l’esprit, qu’il s’agisse du report de l’âge de départ à la retraite ou des dispositions qui nous paraissaient très insuffisantes, s’agissant notamment de l’emploi des seniors et de la reconnaissance de la pénibilité dans les métiers de l’encadrement au sens large. La messe est-elle dite ? Peut-être pas. Le Conseil Constitutionnel doit encore s’exprimer, la mobilisation syndicale ne faiblit pas, l’opposition de l’opinion publique à cette réforme se confirme chaque jour. Je note que le gouvernement souhaite l’apaisement et le retour du dialogue avec les syndicats, mais s’il ne met pas cette réforme en pause, je ne vois pas très bien sur quelles bases peut se rétablir ce dialogue.
Comment voyez-vous la suite ?
À l’heure où je vous parle, à la veille de la nouvelle journée d’action du 6 avril, il est bien difficile d’imaginer les prochaines semaines. Mais il y aura bien un « après » réforme des retraites, quel que soit le sort réservé à ce texte. Nous allons continuer ce que nous avons fait depuis ces derniers mois : poursuivre notre travail de fond sur tous les sujets, qu’il s’agisse d’emploi, de formation, d’égalité des chances, de pouvoir d’achat, de partage de la valeur ou de santé au travail. Nous voulons des discussions plus larges sur les conditions de travail, la pénibilité, l’emploi des seniors, qui sont des sujets très insuffisamment traités dans le texte sur la réforme des retraites. On ne peut donc pas en rester là. Si le gouvernement veut sortir de l’impasse, il doit ouvrir des concertations sur tous ces sujets, réforme des retraites ou non. C’est même par là qu’il aurait dû commencer. Quoiqu’il arrive, la CFE-CGC BTP restera fidèle à son ADN et portera sans relâche la parole de tous les salariés de l’encadrement, techniciens, agents de maîtrise, cadres.
Êtes-vous satisfait des premiers résultats des élections professionnelles ?
Lors des deux derniers cycles électoraux de la représentativité, la CFE-CGC s’est distinguée en étant l’organisation syndicale représentative avec les plus fortes progressions. Dans le secteur du BTP, nous constatons qu’à l’occasion des derniers scrutins d’élections professionnelles, nous continuons de progresser. Cela ne peut que nous inciter à poursuivre notre travail pour accompagner, outiller et former les militants sur le terrain.