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ENTREPRISES : LA « DÉMISSION SILENCIEUSE » DES SALARIÉS

L’encadrement et les directions des entreprises ont affaire à une autre forme de renoncement des salariés, le quiet quitting. Un phénomène qu’analyse Marc Ferrero, psychologue clinicien.

Avec le burn-out, le bore-out et autre brown-out, la prépondérance de la culture économique anglo-saxonne en France est avérée. Une contagion à l’œuvre depuis les années 1970, renforcée aujourd’hui par le succès des soft skills, quand il serait si facile d’évoquer des « compétences humaines », ou par l’émergence du quiet quitting.

Cette démission silencieuse est le fait, pour un salarié, de respecter à la lettre sa fiche de poste et ses horaires. Ni plus, ni moins. Ce qui signifie, par exemple, le refus de travailler au-delà des horaires légaux ou de respecter scrupuleusement le « droit à la déconnexion ». Cette démission silencieuse, qui porte mal son nom, n’est pas le fait de quitter un travail, mais le symptôme d’un renoncement à la culture de la performance et au « travailler toujours plus ».

Les racines d’un désengagement

De nombreuses études ont permis d’identifier les multiples causes de cette démission. Toutes décrivent un certain désenchantement des salariés vis-à-vis des promesses non tenues par les entreprises, que ce soit en termes de reconnaissance salariale ou de « bien-être », comme le disent des psychologues du travail.

Ce désengagement peut être dû à une déception du salarié, qui ne voit pas sa promotion tant espérée arriver, ou à un manque de reconnaissance de son travail. Car il existe aussi une forme de rétribution « narcissique » attendue par les salariés. Un phénomène que les psychologues rencontrent fréquemment.

Autres raisons souvent évoquées par les études : les problèmes de santé, qui obligent un ou une salariée à réinterroger ses priorités ; les accidents de la vie, tels qu’un divorce ou des enfants en difficulté ; ou tout simplement la disparition d’une véritable culture d’entreprise et un management déconnecté de ses collaborateurs.

Le rôle de l’encadrement

Selon une étude réalisée en juillet 2022 par Malakoff Humanis, 23 % des salariés de moins de 30 ans évoquent une mauvaise santé mentale, contre 16 % pour l’ensemble des salariés. La jeunesse française serait donc plus sensible à cette démission silencieuse…

Nous pouvons y voir une éducation où l’effort est devenu secondaire ou une pandémie mondiale qui a accéléré le e-learning et autre télétravail. Difficile donc pour cette « génération Covid » d’imaginer passer 2 heures par jour dans les transports.

Face à ce désengagement, les missions de l’encadrement prennent tout leur sens, à savoir redonner du sens, réenchanter le travail des salariés et redéfinir certaines tâches devenues trop mécaniques. Finalement, cette démission silencieuse semble être la marque d’un nouveau monde. Un monde du travail dans lequel la recherche du juste équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle prime dans les choix des salariés.

Article publié également dans les Cahiers du BTP.