Nommée récemment Référente Handicap CFE-CGC, Élisabeth Levamis, membre du CSE et déléguée du personnel de Travaux du Midi, trace les grandes lignes de sa mission et ses objectifs.
Vous venez d’être nommée Référente Handicap CFE-CGC au niveau national. En quoi consistera votre mission ?
Ce poste est tout nouveau et cela ne date que de quelques semaines ! C’est Michel Delannoy, le président de la CFE-CGC BTP PACA et Corse, qui m’a proposé de candidater quand il s’est ouvert. Chez Travaux du Midi, où j’étais gestionnaire de paie au département des Ressources humaines, je suis devenue chargée de Mission Trajeo‘h, un dispositif VINCI qui accompagne les travailleurs en situation de handicap. C’est donc un domaine que je connais bien et un poste qui est en lien avec ce que je fais déjà dans mon cadre professionnel. Ma prise de fonction se concrétisera vraiment en septembre, lors d’un séminaire où je rencontrerai mon binôme du groupe SAIPEM, ainsi que différents acteurs de ce domaine, dont le président de l’Agefiph.
En tant que Référente Handicap, je vais participer à des groupes de travail et des commissions sur les problématiques du handicap auxquelles je suis très sensible, et notamment sur un point essentiel : comment nous pouvons aider en tant que syndicat. J’entends aussi servir de relais sur le terrain, informer les salariés et même les entreprises sur les dispositifs. Cela ne fait que renforcer mon rôle qui consiste, en tant que déléguée et élue au sein de mon entreprise, à venir en aide aux personnes. À moi d’articuler ce poste avec mon métier et avec mon rôle de syndicaliste. Quand j’ai annoncé ma nomination dans mon service, j’ai senti que le regard sur moi changeait. Je suis persuadée qu’il va apporter un plus au niveau de mon métier et de notre quotidien,
Quels sont vos priorités et objectifs à court terme et à moyen terme ?
À court terme, c’est d’abord d‘informer les salariés sur le terrain. À travers Trajeo‘h, j’ai pu constater qu’il y a vraiment une méconnaissance de la notion de handicap, tout autant que des dispositifs, des aides, de l’accompagnement. Chez VINCI, par exemple, beaucoup de salariés ne connaissent pas Trajeo’h, qui existe pourtant depuis 2018. Je veux donc, avant tout, mener une démarche pédagogique sur le handicap, et notamment dans son environnement de travail.
À moyen terme, je voudrais participer à l’amélioration de l’accès aux protocoles d’accompagnement des personnes. Je voudrais aussi développer les accords handicap avec les entreprises. Et surtout encourager les gens à se manifester, à en parler. Faire cela, c’est déjà un gros combat ! On sait très bien qu’il existe beaucoup de handicaps différents, dont certains invisibles. Il est donc important d’ouvrir le dialogue avec des salariés qui n’arrivent pas forcément à exprimer leurs besoins et les obstacles qu’ils rencontrent au sein de l’entreprise. Il faut créer du lien.
La notion de handicap est victime de beaucoup de préjugés. Il est vital de changer le regard des salariés et des entreprises. Et aussi de changer les pratiques de management, pour favoriser une évolution positive.
Et dans le BTP, quels combats souhaitez-vous mener en particulier ?
Je voudrais d’abord aider à mettre les informations à la disposition des salariés et les orienter le plus possible. Dans notre secteur, les salariés sont souvent confrontés à des situations d’inaptitude et ils peuvent être confrontés à des conditions très préoccupantes. Le handicap peut les impacter fortement dans leur milieu professionnel et il faut faire en sorte d’éviter les cas d’isolement. Je mesure la chance que nous avons chez Vinci de profiter du dispositif Trajeo’h, qui travaille avec l’entreprise pour mettre en place des politiques d’inclusion. Au niveau syndical, je veux être une force d’ajustement dans les négociations sur les accords ou sur la formation.
Quelles sont vos motivations plus personnelles pour mener cette mission ?
Cela rejoint mes valeurs, qui tournent autour de l’engagement et de l’esprit de solidarité. Cette mission va me permettre de les renforcer et j’ai vraiment à cœur d’apporter ma contribution personnelle. Notre société évolue et il est important pour les futures générations, avec la participation des syndicats, de faire changer les mentalités pour faciliter l’accès à la vie professionnelle et le travail dans une entreprise ouverte. Cela ne peut être que bénéfique pour tout le monde et nous avons tous intérêt à nous mobiliser sur ces questions. Si on arrive à faire progresser les mentalités et à mettre en place concrètement des accords ou des aides, ce ne sera que du positif. Le syndicat a un rôle déterminant à jouer.