Le gouvernement vient d’abattre ses cartes sur la réforme de l’assurance chômage. Et comme on pouvait s’y attendre, la potion est amère…
Durée d’indemnisation raccourcie à 15 mois (et 12 mois si le taux de chômage est inférieur à 6,5 %), durcissement de l’ouverture des droits (huit mois dans l’emploi sur les vingt derniers mois au lieu de six) et un « bonus emploi senior » qui ressemble à une usine à gaz… Le gouvernement n’y est pas allé de main morte pour réformer l’assurance chômage.
L’objectif de cette réforme est, selon lui, d’aller vers le plein emploi. En réalité il s’agit plutôt de faire des économies de 3,6 milliards d’euros sur le dos des chômeurs. François Hommeril, président de la CFE-CGC a estimé, dans une interview à France Info que Gabriel Attal « essaie de nous convaincre que la terre est plate », parce qu’il souhaite que « les Français acceptent n’importe quel emploi, quel que soit leur niveau de compétences, leur secteur économique, parce qu’ils ont derrière eux le spectre de la vraie pauvreté ».
Plus contestable encore : cette réforme semble accréditer l’idée que les chômeurs indemnisés sont moins motivés à rechercher un emploi, alors que la réalité est toute autre. Selon les études de la Dares, 90 % des chômeurs indemnisés recherchent activement du travail.
Quant au « bonus emploi senior », il tient plutôt du « malus ». C’est à partir de 57 ans et non de 55 que les seniors pourront bénéficier d’une indemnisation pendant vingt-deux mois et demi, contre vingt-sept aujourd’hui. Et si un cadre de plus de 57 ans au chômage retrouve un emploi moins bien rémunéré que celui qu’il occupait auparavant, un « bonus » permettra de combler le manque à gagner, mais pendant un an seulement. Pour la CFE-CGC, il s’agit d’un dispositif factice, qui ne répond pas aux problématiques de maintien et d’accès des seniors dans l’emploi.
Enfin, le gouvernement soutient que cette réforme répond au problème des emplois vacants, dont le nombre était évalué à 535 500 au premier trimestre 2024. Mais au lieu d’infliger une punition collective aux chômeurs, peut-être faudrait-il mieux caractériser les raisons pour lesquelles ces emplois sont vacants et y apporter des réponses positives, en termes de rémunération, d’incitations, de formation au lieu de dispositifs d’autorité, imposés par décrets sans concertation préalable.