Marielle Mangeon, déléguée nationale à l’économie pour la CFE-CGC, revient sur le dispositif d’épargne collectif, qui permet aux salariés de donner du sens à leur épargne.
Quelle est la vision stratégique de la CFE-CGC sur le partage de la valeur et les mécanismes d’épargne salariale ?
La CFE-CGC a toujours été impliquée afin d’orienter la législation en faveur d’une épargne salariale garantissant des conditions optimales de sécurité et de justice. Elle fait partie des quatre organisations syndicales à l’origine de la création du Comité intersyndical d’épargne salariale (CIES), un organisme précurseur qui a établi un label éponyme et reconnu pour son expertise et son action en faveur de l’épargne responsable. Sur ce sujet, nous sommes des pionniers, notre label existait bien avant les labels ISR (Investissement socialement responsable) ou Greenfin ! Et les enjeux sont de taille. Les derniers chiffres de l’Association Française de la Gestion d’Actifs (AFG) montrent la forte progression de l’épargne salariale dont l’encours atteint le niveau historique de 200 milliards d’euros en 2024, une progression annuelle de 6,5 %. Et environ 20 % des fonds sont certifiés CIES.
Comment la CFE-CGC concilie-t-elle promotion de l’épargne salariale et défense d’une rémunération juste et attractive pour les salariés ?
Nous assistons depuis plusieurs décennies à une dérive préoccupante de financiarisation de l’économie, avec des conséquences sur le partage de la valeur entre entreprises, actionnaires et salariés et ceci au détriment de ces derniers, mais au bénéfice des actionnaires. Or, la reconnaissance des compétences et de l’investissement des populations de l’encadrement est un de nos principes fondateurs : pour qu’une société soit juste et équilibrée, il faut que le travail soit rémunéré correctement. De ce fait, si nous soutenons l’élargissement des dispositifs de partage de la valeur aux salariés, ils ne doivent jamais se substituer aux augmentations de salaires ! D’autant qu’avec l’inflation, les populations que nous défendons font face à une baisse de leur pouvoir d’achat.
Quels conseils donnez-vous aux négociateurs CFE-CGC amenés à négocier ces sujets (mise en place, suivi, etc.) ?
Notre première recommandation est de veiller à ce que l’épargne salariale ne soit pas négociée aux dépens des rémunérations et de dissocier clairement ces deux sujets, notamment par le biais de négociations séparées. De plus, il est nécessaire d’étudier attentivement les résultats de la société ainsi que sa politique de partage de valeur : est-elle équilibrée entre salariés, actionnaires et investissements ? Enfin, le choix des supports est crucial : il faut s’assurer d’orienter l’épargne vers des options certes, performantes, mais qui correspondent aussi aux valeurs sociales et environnementales, avec des fonds verts et solidaires labellisés.
Les négociateurs peuvent consulter le guide CFE-CGC, demander conseil à la confédération ou à nos membres du CIES, qui disposent de personnels extrêmement qualifiés en vue de négocier ou renégocier les contrats avec la société de gestion.
–> Lire l’interview complète de Marielle Mangeon par François Tassain sur lle site de la CFE-CGC