Rarement une rentrée sociale aura été marquée par autant d’incertitudes. Espérons que la raison l’emportera pour esquisser une vision du modèle économique et social dont la France a vraiment besoin.
À l’heure où nous écrivions ces lignes, le vote de confiance envers le gouvernement de François Bayrou n’avait pas encore eu lieu, mais il existait peu de doutes sur son résultat défavorable pour le Premier ministre. Et un certain flou demeurait encore sur l’ampleur que pourrait prendre la journée de « blocage » du 10 septembre.
Reste que ce genre de période est celle de tous les dangers. Le projet de budget 2026, tel que préparé par le gouvernement, ne semble pas promis à rester en l’état. Deux tendances s’affrontent : ceux qui veulent faire porter l’effort budgétaire sur une réduction des dépenses sociales et ceux qui proposent, sous une forme ou sous une autre, d’alourdir la fiscalité sur les entreprises et les détenteurs de capitaux.
Pousser à l’excès l’une ou l’autre de ces mesures aurait des conséquences néfastes pour l’ensemble du pays. Du côté des dépenses sociales, les précédents gouvernements n’ont pas ménagé leurs efforts pour fragiliser la situation des salariés, y compris des cadres, notamment par le biais de la réforme de l’assurance-chômage. Ajouter de la précarité sociale à l’incertitude économique ambiante n’est certainement la bonne stratégie et la CFE-CGC s’y opposerait. Quant à aggraver les charges fiscales des entreprises (notamment en révisant à la baisse un certain nombre de dispositifs d’aides), c’est une démarche qu’il faut mener avec prudence pour ne pas fragiliser l’emploi ni la compétitivité des entreprises dans un contexte de guerre commerciale et douanière intense.
Il faut espérer que dans les discussions qui vont s’engager dans les jours et les semaines qui viennent, la raison l’emportera pour doter la France non seulement d’un budget 2026, mais aussi pour esquisser une vision sur le modèle économique et social dont elle doit se pourvoir pour préserver son efficacité…