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« Acculturer les militants syndicaux sur l’intelligence artificielle »

 Économiste à l’IRES, Odile Chagny livre ses analyses pour une mise en œuvre vertueuse de l’IA au travail.

En début d’année, l’IRES et 4 organisations syndicales (CFE-CGC, CFDT, FO-Cadres, Ugict-CGT) ont présenté le projet Dial-IA (dialoguer sur l’IA) pour sensibiliser les acteurs du dialogue social aux enjeux de l’intelligence artificielle au travail. Quelle en est la genèse ?

Après deux ans de travail, nous avons prolongé notre réflexion, cette fois avec une approche intersyndicale et en se concentrant sur le contexte français. L’opportunité s’est présentée en 2022 quand l’ANACT (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) a lancé un appel à projets sur le numérique et le dialogue social technologique, qui s’appuyait sur l’accord-cadre européen de juin 2020 sur la transformation numérique des entreprises. L’IRES a déposé une candidature, dans la logique de prolongation du projet SeCoIA Deal, mais avec cette dimension intersyndicale. C’est ainsi que s’est créé ce projet rassemblant la CFE-CGC, la CFDT, FO Cadres et l’Ugict-CGT. Nous avons aussi pu compter sur la participation de Solidaires Finances Publiques, de la CFTC Médias+, de représentants de l’organisation patronale UNAPL et du secteur numérique.

Quels outils ou leviers opérationnels sont mis à disposition des représentants du personnel pour accompagner le déploiement du « dialogue social technologique » ?

Nous avons développé divers outils, coproduits par un collectif de 20 parties prenantes parmi les 50 qui ont participé au projet Dial-IA, présenté par l’IRES et 4 organisations syndicales (CFE-CGC, CFDT, FO-Cadres, Ugict-CGT), dont l’objectif est de sensibiliser les acteurs du dialogue social aux enjeux de l’intelligence artificielle au travail. J’insiste sur cette dimension collaborative ! Une première partie de notre travail vise à apporter des ressources pour s’acculturer à l’IA. Si les militants syndicaux n’ont pas vocation à devenir experts de l’IA, ils doivent avoir la capacité de comprendre un projet d’IA, ses étapes, ses spécificités. Le deuxième volet concerne le dialogue social. De la conception à la maintenance des systèmes d’IA, nous expliquons comment organiser un dialogue social interactif qui s’appuie sur le Code du travail, mais aussi sur des outils innovants comme le registre des systèmes d’IA – un outil développé dans le cadre du projet SeCoIA Deal –, afin de permettre une mise en visibilité de l’IA, de ses finalités, de son coût, etc.

Comment les salariés et leurs représentants perçoivent-ils l’IA ?
Leur opinion et leur vision évoluent beaucoup. La logique de très nombreux projets est top down : elle est imposée par les directions. Mais les cas d’usage augmentent rapidement, en particulier avec les pratiques de « shadow IA ». Aujourd’hui, les salariés s’interrogent sur les impacts que l’IA peut avoir sur leur travail. Certains craignent d’être remplacés mais d’autres s’intéressent à ce que l’IA peut leur apporter dans l’exercice de leur métier. Il y a une réelle prise de conscience et il est donc indispensable de mettre en place des dispositifs de dialogue social afin que les salariés soient informés et consultés par les directions d’entreprises.

Comment imaginez-vous le rôle des syndicats face à l’essor de l’IA ?

Les syndicats et leurs militants sont au cœur de la dimension organisationnelle du travail dans les entreprises et les administrations. Ils ont cette vision à 360 des impacts sur les collectifs de travail et les orientations stratégiques. Ce sont des acteurs de premier plan pour y développer le dialogue social technologique avec les directions. Ce qui nous ramène à l’enjeu fondamental de formation et d’acculturation des militants syndicaux. Il conviendrait d’ailleurs, selon moi, de développer les modules conjoints de formation entre élus du personnel et services RH des entreprises.

-> Retrouvez l’interview complète d’Odile Chagny par Mathieu Bahuet et François Tassain sur le site de la Confédération