Annonçant « une France à deux vitesses » qui se dessine, le cercle de réflexion libéral propose des formes hybrides de semi-propriété « pour raccrocher les classes moyennes au pacte social ».
Le rapport de l’Institut Montaigne (« Classes moyennes Les nouvelles clés d’accès à la propriété », août 2025) dresse un constat alarmant de l’approfondissement des inégalités d’accès au logement en France, en particulier pour les classes moyennes. Depuis vingt ans, les prix des logements ont augmenté de 88 % hors inflation, allongeant la durée moyenne de l’endettement de quinze à vingt-cinq ans pour les nouveaux acquéreurs, en réduisant leur pouvoir d’achat.
Ce phénomène a accentué les disparités patrimoniales : 24 % des ménages détiennent 68 % des logements détenus par des particuliers, et la propriété se concentre désormais chez les plus de 50 ans et les classes aisées.
Les impasses des politiques publiques
Malgré une intervention publique massive (plus de 40 milliards d’euros d’aides annuelles, soit 2 % du PIB), les résultats sont décevants. Les politiques menées ont généré une prolifération de normes et une fiscalité lourde, entravant l’offre et aggravant le déséquilibre avec la demande. Les quartiers en tension voient ainsi l’éviction des jeunes et des classes moyennes du marché de l’accession, tandis que les loyers et les prix de l’immobilier continuent de grimper.
Face à cette situation, l’Institut Montaigne recommande de faciliter la « semi-propriété », notamment via la location-accession, afin de raccrocher les classes moyennes au pacte social. Il préconise aussi la simplification de la gouvernance locale – par le transfert du pouvoir d’urbanisme aux intercommunalités –, la généralisation des Plans Locaux d’Urbanisme Intercommunal (PLUi), une restriction de l’encadrement des loyers, et la limitation des baux sociaux à six ans renouvelables après réexamen du dossier. Il s’agit de décloisonner le parcours résidentiel, tout en favorisant la mixité sociale et un renouvellement du parc de logements.
Enfin, l’Institut Montaigne insiste sur la nécessité de lutter contre la concentration de la propriété, d’aider les classes moyennes à accéder au logement, et de repenser les dispositifs d’aide pour éviter la fragmentation sociale et générationnelle.