Christelle Thieffinne, secrétaire nationale CFE-CGC à la protection sociale, analyse les discussions entre partenaires sociaux en vue de l’aménagement de la réforme des retraites de 2023.
Qu’est-il ressorti de la première réunion sur la remise en chantier de la réforme des retraites de 2023 ?
La première phase des discussions sera un diagnostic avec notamment le rapport chiffré que doit présenter la Cour des comptes le 19 février. Le gouvernement donnera ensuite trois mois aux organisations syndicales et patronales pour travailler sur des aménagements de la réforme, tout en respectant les équilibres financiers. Si un accord est trouvé dans le cadre d’une négociation en bonne et due forme, l’exécutif s’engage à le transcrire dans la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.
Le gouvernement répète qu’il n’y a « aucun tabou » dans le champ de cette concertation. Y compris sur les 64 ans, l’âge légal de départ en retraite entériné par la réforme de 2023 ?
C’est une possibilité, même s’il est difficile de faire la moindre projection alors que les discussions ne font que commencer. Avec la réforme, rappelons que pour les personnes atteignant 62 ans cette année, l’âge légal de départ est porté à 62 ans et 9 mois. Relevé à raison de 3 mois par année de naissance, l’âge légal atteindra 64 ans en 2030.
Quelles seront les revendications portées par la CFE-CGC ?
La CFE-CGC veut profiter de cette concertation pour ouvrir des espaces et proposer des mesures sur les critères de pénibilité du travail en y intégrant les risques psycho-sociaux (RPS) ; sur l’emploi des seniors ; et pour réduire les inégalités femmes-hommes en matière de niveau de pension. Les mères de famille ont notamment payé un lourd tribut avec la réforme de 2023. Plus largement, il faut aussi mettre sur la table toute la problématique des allègements de cotisations qui pèsent sur les ressources de notre système de protection sociale.
Sur la menace d’une captation des réserves de l’Agirc-Arrco par la puissance publique, les partenaires sociaux, gestionnaires de la retraite complémentaire, restent très vigilants sur le sujet, mais c’est quelque chose dont on entend moins parler dernièrement. Quant à la retraite universelle par points, abandonnée en 2020 lors de la crise Covid, et qui a été évoquée par le Premier ministre, la CFE-CGC s’y oppose car celle-ci mélangerait les secteurs privé et public, avec le risque inhérent que le privé finance les pensions du public. Par ailleurs, un tel système poserait plusieurs problèmes dont des plafonds très faibles de pension.
-> Pour en savoir plus, lire l’interview complète de Christelle Thieffinne par Mathieu Bahuet sur le site de la Confédération