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Camille Dupuy : « Il n’y a pas de défiance exprimée par la jeunesse envers le syndicalisme »

Perception de l’action syndicale, freins et moteurs à l’engagement militant : la sociologue du travail Camille Dupuy dresse un état des lieux des enjeux de la relève syndicale pour attirer les jeunes salariés.

Qu’en est-il de la perception des jeunes générations vis-à-vis du syndicalisme ?

Les jeunes sont très peu syndiqués, en-dessous de la moyenne toutes classes d’âge confondues. Toutefois, de nombreux travaux, en particulier ceux de la Dares (ministère du Travail), montrent que les taux de sympathie envers les organisations syndicales sont satisfaisants et que les jeunes actifs ont une nette propension à déclarer que les syndicats sont utiles pour représenter les salariés dans les entreprises. Clairement, il n’y a donc pas de défiance exprimée par la jeunesse envers le syndicalisme et l’action syndicale.

Quels sont les freins à l’engagement syndical ?

Les jeunes ne sont évidemment pas un bloc homogène. Il y a des secteurs où les taux de syndicalisation sont culturellement plus élevés, par exemple l’industrie, la banque, les pharmacies, et d’autres où c’est l’inverse. Dans le commerce ou les services à la personne par exemple, avec des entreprises souvent dépourvues de comité social et économique (CSE), il y a une méconnaissance manifeste de ce qu’est un syndicat. Les autres facteurs sont la taille de l’entreprise – on est davantage syndiqués dans les grandes entreprises que dans les TPE-PME – et la stabilité de la situation professionnelle. En effet, la précarité et les contrats courts, bien plus élevés chez les 18-35 ans, sont un frein à l’adhésion syndicale.

Que doivent faire les organisations syndicales pour attirer des jeunes salariés et préparer la relève ?

Il s’agit en premier lieu de se faire connaître, de se rendre sur le terrain – par exemple à la rencontre des saisonniers – pour leur expliquer leurs droits et à quoi sert l’action syndicale. Encore aujourd’hui, ce qui vient à l’esprit des jeunes générations quand on parle syndicalisme, ce sont les grandes mobilisations nationales. Beaucoup n’ont jamais entendu parler d’un CSE en entreprise. Il nous semble aussi fondamental de mieux intégrer les enjeux du dialogue social et des relations au travail dans les programmes scolaires. J’ajoute que les syndicats doivent agir sur le fonctionnement interne et la culture de leur organisation, sur la féminisation des instances, ainsi que sur leur corpus revendicatif avec des thématiques mobilisatrices comme l’environnement, le climat, l’égalité professionnelle femmes-hommes, etc.

-> Lire l’interview complète de Camille Dupuy sur le site de la Confédération