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FRANÇOIS HOMMERIL FIXE SA FEUILLE DE ROUTE POUR 2024

Négociation sur l’emploi des seniors et les parcours professionnels, salaires, orientations stratégiques : extraits de l’interview du président de la CFE-CGC sur le site de la confédération.  

2024…
« En 2024, je souhaite à la CFE-CGC de poursuivre son développement conformément aux bons résultats enregistrés sur le terrain lors des élections professionnelles. La CFE-CGC est de plus en plus présente, visible. En toutes circonstances, il s’agit de proposer, de faire face aux problématiques, d’être combatifs et constructifs. Par son action syndicale, la CFE-CGC et ses militants contribuent à restaurer la confiance dans un pays qui en a bien besoin.

2024 va être une année de difficultés économiques parce que des indicateurs objectifs nous y préparent, comme le taux de défaillance des entreprises, en hausse de 34 % l’an dernier. Nous sommes confrontés aujourd’hui à la deuxième réplique de l’après-Covid, la première étant la vague d’inflation qui a accompagné le redémarrage de l’activité dans un contexte de crise de l’énergie. Après le ralentissement de 2023, il n’y a pas ce retour d’activité qui permet de relancer la mécanique. Et autant les grandes entreprises sont capables d’absorber des gros chocs et ont la trésorerie pour cela, autant les petites n’ont pas de solutions quand elles ne peuvent plus payer leurs fournisseurs.

Le dialogue social

Avec la négociation sur l’Unedic, on a atteint des sommets d’interpénétration entre le patronat et l’Élysée… Il sera difficile d’aller plus loin dans la grossièreté de l’ingérence du pouvoir dans des négociations qui regardent les partenaires sociaux. Le respect des partenaires sociaux, c’est la délégation du pouvoir de négocier et d’obtenir un accord. Ce que ne comprend pas Emmanuel Macron et qui forcément percole à tous les échelons du pouvoir, c’est que le fonctionnement de la démocratie sociale française n’est pas basé sur un principe de hiérarchie partant du sommet. Ce n’est pas un emboîtement, c’est un système de délégation. Le pouvoir politique décide – ou non – de déléguer aux organisations syndicales et patronales, dans un certain nombre de champs, la capacité d’établir de la norme et de gérer des organisations. Mais une fois qu’il l’a fait, il doit considérer les partenaires comme des gens responsables, capables d’élaborer cette norme et d’exercer leurs responsabilités. Et ne pas en permanence regarder par-dessus leur épaule pour dire « Moi j’aurais fait autrement ».

L’emploi des seniors…

C’est la négociation la plus importante de l’année, bien qu’elle aurait dû se tenir avant la réforme des retraites. J’espère que les organisations patronales en ont conscience et qu’elles sont prêtes, une fois n’est pas coutume, à faire des efforts, même si le calendrier est assez contraint avec des conclusions attendues fin mars. La CFE-CGC en appelle à une révolution conceptuelle alors que depuis 30 ans, chacun s’est habitué, dans les entreprises, à de régulières vagues de plans de départs pour se débarrasser des salariés de moins de 60 ans, qu’ils soient ouvriers, agents de maîtrise ou cadres. Il faut dire stop à ce phénomène et trouver des solutions, d’autant plus après le recul de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans.

La CFE-CGC travaille activement depuis deux ans sur ces sujets. Elle a déjà porté de nombreuses propositions à l’époque de la concertation engagée pour la réforme des retraites. Celles-ci sont de trois ordres. Améliorer l’emploi des seniors passe d’abord par le renforcement du suivi médical : les entreprises doivent investir ce champ, en concertation avec les organisations syndicales. Il faut ensuite proposer aux salariés une carrière adaptée à leur âge, à leur motivation, à leurs priorités. Leur permettre d’accéder à la formation, car il n’y pas d’âge pour apprendre et se perfectionner, et développer le tutorat. Troisième point : libérer progressivement du temps et passer d’une activité pleine à une activité réduite (80 %, 60 %, à mi-temps) à partir de 55 ans. Cela passe, entre autres, par le développement des dispositifs de retraite progressive et de cumul emploi-retraite.

Le compte épargne-temps universel…

Sur le papier, c’est une bonne chose, probablement nécessaire. La problématique est d’ordre technique : qui va payer cette valorisation de ces jours épargnés dès lors qu’on quitte son entreprise ? Pour nous, c’est la question centrale…

Les parcours professionnels…

Il y a toujours cette ambiguïté, introduite d’ailleurs par Emmanuel Macron, de remplacer la pénibilité par l’usure professionnelle. On ne peut pas être d’accord avec ça. La CFE-CGC représentant une population de salariés dont une assez large part des professions sont intellectuelles, nous sommes très attentifs aux risques psychosociaux (RPS), qui ont tendance à exploser ces dernières années. Nous sommes des éclaireurs sur le sujet : on se bat, on explique, on décode, à l’image du projet Superman mené par la CFE-CGC avec l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), sur les problématiques d’organisations du travail et de management. Il n’est pas possible de réduire la question de la pénibilité à l’usure professionnelle et les RPS doivent être inscrits aux critères de pénibilité. 

Les salaires et le pouvoir d’achat…

Le climat n’est pas bon. La bosse inflationniste n’est pas passée, contrairement à ce qu’en dit Bruno Le Maire. La dégradation du pouvoir d’achat continue. Même si le SMIC suit l’inflation, les classes moyennes et les membres de l’encadrement sont touchés de plein fouet par le fait que les augmentations générales ne la suivent pas. En 2023, dans l’immense majorité des entreprises, il y a eu une perte de pouvoir d’achat importante pour toute la population que la CFE-CGC représente même si, en moyenne, un effort a été fait par les entreprises. En revanche, en 2024, les perspectives sont assez mauvaises. Beaucoup de directions arrivent à la négociation en disant que puisqu’on a été augmenté l’an dernier, on ne doit pas s’attendre à grand-chose cette année. Dans un certain nombre d’entreprises, nous ne sommes pas loin du conflit.

Propos recueillis par Mathieu Bahuet et Gilles Lockhart
Retrouvez l’interview intégrales sur le site de la CFE-CGC